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vendredi 19 avril 2013

Nouvel article publié dans la revue OPIE

En ce début de mois d'avril, je viens de publier un nouvel article dans la revue OPIE, numéro de mars 2013 n°168.
Il porte sur la modernisation et la numérisation de la collection entomologique de l'INRA d'Orléans : Unité de Recherche Zoologie Forestière, que j'ai réalisé durant décembre 2011 et mai 2012.

Une description plus détaillée ce trouve avant celle-ci. Je vous invite à vous y reporter pour avoir plus de précision sur la méthodologie et l'objectif de ce projet.

Je vous le mets en ligne :



lundi 28 janvier 2013

Modernisation et numérisation d'une collection entomologique à l'INRA d'Orléans

Une partie des étagères contenant les 600 boîtes de la collection
Ma dernière mission a été réalisée à l'Unité de Recherche "Zoologie Forestière" de l’INRA d’Orléans entre décembre 2011 et juin 2012. Cette unité possède une collection entomologique riche de quelque 600 cartons et de milliers de spécimens issu de 80 ans de collecte en France et à travers le monde. Aucun travail de classement, d’inventaire ou de valorisation n’avait jamais été effectué.

C'est pourquoi, en collaboration avec le département Écologie des forêts, prairies et milieux aquatiques (EFPA), Alain Roques, qui dirige l’unité, m’a confié la responsabilité de moderniser et valoriser cette collection. Elle témoigne d’une biodiversité aujourd’hui souvent disparue et contient des informations d’une incroyable richesse. Le but était de disposer de données pouvant servir ultérieurement à des projets de recherche sur la biodiversité, la préservation des écosystèmes et aussi la génétique des populations. Au titre de l’action « Patrimoine », un financement a été octroyé par la Région Centre pour la réalisation de cette mission.

Modernisation de la collection
Une étape préliminaire de modernisation d’une durée de six mois s’est déroulée en trois temps.
Imago (Adulte) d'Anthrenus sp.
Après un séjour de 2 jours à -21°C destiné à éliminer les Anthrènes (Anthrenus sp.), chacune des boîtes a été ouverte et référencée dans une base de données.
Larve d'Anthrenus sp.










Cette étape a donc été l’occasion d’assainir la collection et les conditions de son stockage. Les boîtes,
Exemple d'une fiche (Oryctes nasicornis)
sur Fauna Europea
datant du milieu du siècle dernier, contenaient de la créosote2 qui a été éliminée. Les boîtes trop détériorées ont été remplacées. Les cartons contaminés et la créosote ont été acheminés vers un centre de recyclage pour déchets toxiques.
L’inventaire du contenu des 600 cartons a permis de réunir les spécimens, jusqu’alors dispersés, par familles et sous-familles. En particulier des boîtes de Curculionidés et de Cérambycidés ont pu être constituées.
La seconde étape a consisté à classer toutes les espèces selon la classification actuellement en vigueur. Pour cela, un important travail d’actualisation de chacun des noms et de leur place dans la systématique a été accompli à l’aide du site Fauna Europaea3 (www.faunaeur.org).


Classement selon l'ordre taxinomique des spécimens
Exemple d'étiquetage : Famille des Tortricidae
et sous famille des Olethreutinae

















Enfin, cette modernisation effectuée, les insectes ont trouvé leur place définitive dans des boîtes neuves selon l'ordre taxinomique signalé par des étiquettes (ordres, familles, sous-familles, tribus, genres et espèces).


Numérisation

Chaque spécimen a ensuite été identifié individuellement par un code-barre et intégré dans une base de données développées en interne. Cet outil informatique permet de tracer chaque échantillon entrant dans les laboratoires, et d'en consigner la nature (imago, pupe, patte...), son origine (date et lieu de prélèvement, collecteur, plante-hôte...), sa localisation dans le laboratoire (collection, réfrigérateur, congélateur...) et son mode de conditionnement (en alcool, à sec...). L'étiquetage d'origine de nombreux spécimens est incomplet. Notamment, lieu ou date de capture sont souvent manquants. Selon l'époque de mise en collection des échantillons, les cahiers renfermant ces informations ont été égarés. Aussi, une grande partie des insectes ne présentent aucun étiquetage et ne sont pas identifiés. Tous ces spécimens, écartés de la collection, ont été rassemblés par familles et sous-familles dans des boîtes à part. Par manque d'expertise et de temps, leur identification est reportée.

La collection informatisée comporte à ce jour 370 espèces (1 644 spécimens) de Curculionidae, 101 espèces (757 spécimens) de Tortricidae, 38 de Chalcidoidea (576 spécimens dont 280 d'Agaonidae tropicaux), 52 ( dont 215 spécimens) de Cerambycidae et 18 (93 spéciemens) de Buprestidae. Toutes ces familles intéressent les travaux réalisés par l'Unité.

Code-barre utilisé pour chacun
des individus de la collection
Le système d’identification est analogue à celui utilisé pour gérer des marchandises. Le code-barres, de type bidimensionnel, est placé sous chacun des insectes, est lu par un lecteur laser.
Grâce à cet outil informatique, les informations sur la provenance et le nombre de spécimens de telle ou telle espèce mais aussi leur place dans la collection sont maintenant disponibles.

Cependant, ce sont des milliers de spécimens de nombreuses familles (Hyménoptères, Lépidoptères, Coléoptères) qui n'ont pas été intégrés à la base de données et qui n'ont pas été classés. Des mois de travail seront encore nécessaires pour finaliser ce projet. 
Le traitement des données demandera encore des années d'études. 

Valorisation des résultats
Toutes les informations recueillies concernant les dates et les sites de prélèvements s’avèrent très pertinentes pour la construction d’atlas. Ces atlas permettent d’appréhender les secteurs les plus riches en espèces et les sites abritant des faunes originales. Pour les spécimens anciens, il devient possible de mener des comparaisons spatiales et temporelles avec les données actuelles afin de mettre en lumière l’évolution des aires de répartition et les dynamiques des populations au cours des cinquante dernières années. Le Muséum national d’histoire naturelle de Paris (MNHN) et l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN) seront associés à l’intégration des données.

En six mois, près de 3 300 insectes et 579 espèces ont été classés et incorporés à la base de données.

2 La Créosote est issue d'huiles extraites de goudron ou de bois et a souvent été utilisée comme pesticide au cours du XXe siècle. Composée principalement d'hydrocarbures aromatiques polycycliques, elle est considérée comme toxique et cancérigène. Son interdiction en Europe date de 2002.

3 Fauna Europea est un programme lancé en 2000 par la Commission Européenne de façon à disposer d'une base de données rassemblant les noms valides de toutes les espèces terrestres et d'eau douce vivant en Europe. Il fédère l'expertise de plusieurs centaines de spécialistes.